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Dieu est-il fanatique ? Essai sur une religieuse incapacité de croire.
de Jean Daniel
Arléa, 1996, 226 p.
C'est vrai : tout le l ong du XXe siècle, ce sont bien deshommes sans Dieu qui ont divinisé la Nation, le Peuple, la Race, l'Histoire. Dans les incendies des guerres, des révolutions et des exterminations, ils ont fini par miner, sinon par détruire, la foi et même l'espérance dansle progrès. Hiroshima et l'Holocauste ont sans doute assassiné un Prométhée qui, après des siècles et des siècles, pouvait se croire aujourd'hui plus glorieux que jamais, puisqu'il commence à connaître la formule magique de la vie et jusqu'à la m ystérieuse expansion du cosmos. Reste une humanité ivre de science et folle de solitude, prête, pour en sortir, au meilleur et au pire. Mais voici qu'un Dieu sans masque, celui des monothéismes, est brandi sur les décombres des illusions humanistes. Nous connaissions bien Celui qui est présenté comme le seul Sauveur, Lui qui règne depuis toujours sur des frères ennemis dans la détresse. A-t-on pu d'ailleurs jamais se passer vraiment de Lui ? L'incroyance ne s'adossait-elle pas à la foi dans le Progrès comme à un substitut du divin ? Soit, mais o ù ce sauveur conduit-Il ceux qu'Il "illumine" ? Entre des hommes si loin du divin et un dieu si loin de l'humain, où est la voie ? Un homme habité par le goût et l'exigence du rationnel s'avise qu'il faut chercher désormais dans les mythes, et non plus dans les idées, le sens de la vie, le destin de l'humain -il cherche lui-même à l'intérieur d'une bien religieuse incapacité de croire...
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